Ce prix, créé en 2020, met en lumière, année après année, des artistes et artisans de la danse dont la contribution est méconnue. Le jury a voulu souligner l’apport indispensable de ces collaboratrices de l’ombre (ce sont le plus souvent des femmes) que sont les répétitrices ou directrices de répétitions, même si le titre de « conseillères à la création et à l’interprétation » représente plus précisément leur véritable rôle. Présentes durant tout le processus de création chorégraphique, elles prennent des notes, devinent souvent les chemins qu’empruntent les créateurs, ou du moins ont une bonne intuition du but final. À la fois confidentes pour le créateur et boussoles pour les interprètes, elles interagissent également avec les différents collaborateurs artistiques (costumes, éclairages, décors, etc.). Finalement, elles connaissent le spectacle dans son intégralité, et peuvent naviguer tour à tour à la régie, sur le plateau ou dans les coulisses. Elles deviennent très souvent le liant, voire le ciment, d’une œuvre chorégraphique. Dans l’ombre, Ginelle Chagnon a permis la réalisation de très grands projets de création chorégraphiques au sein des compagnies Danse Partout, Montréal Danse, la Fondation Jean-Pierre Perreault et Fortier Danse-Création. Elle a également servi de mentore à nombre de jeunes artistes en danse. Son regard est multiple. Au-delà du processus de création, elle a développé l’art de faire vivre les œuvres, autant du point de vue du langage corporel que de la finesse de l’interprétation, de la musicalité ou de la structure de l’ensemble, et ce, dans le respect des écritures distinctes. Les créateurs et les interprètes qui ont côtoyé cette femme de confiance savent qu’on peut toujours compter sur elle, et ce, dans tous les aspects et à toutes les étapes d’une production chorégraphique.
Artiste de la danse, répétitrice, pédagogue et archiviste
Artiste montréalaise de la danse, Ginelle Chagnon travaille professionnellement depuis 1971 à approfondir l’expérience de la danse. Elle reçoit pendant 10 ans une formation à l’Académie des Grands Ballets Canadiens, puis danse pour la compagnie et acquiert une expertise en danse contemporaine. Elle s’intéresse par la suite à l’enseignement et au processus créatif. Pendant de nombreuses années, elle assiste les chorégraphes Jean-Pierre Perreault et Paul-André Fortier et enseigne au département de danse de l’Université Concordia ainsi que dans des écoles de formation professionnelle au Canada.
Son regard sensible et son intérêt pour la direction des interprètes de la danse l’ont aussi amenée à collaborer aux créations de plusieurs chorégraphes québécois et canadiens. Dans les années 1990, elle organise des ateliers de danse destinés aux non-danseurs pour l’Agora de la Danse puis propose de nouveaux ateliers utilisant le répertoire de la danse contemporaine. Cette dernière proposition est à l’origine de la composante participative Danser Joe de l’exposition sur la danse Corps rebelles en 2015. À l’invitation de Circuit-Est, centre chorégraphique, elle collabore à plusieurs projets internationaux de rencontres d’artistes en tant que dramaturge de la danse. Depuis plus de 30 ans, elle s’intéresse à la documentation de la danse, à l’archivage et à la sauvegarde de notre patrimoine québécois de la danse contemporaine. Cet intérêt est à la base de la création de l’exposition virtuelle des œuvres de Jean-Pierre Perrault en 2010 et des boîtes chorégraphiques pour la Fondation Jean-Pierre Perrault. Toujours fascinée par la profondeur de l’expérience de la danse, Ginelle Chagnon poursuit son accompagnement de différents projets performatifs auprès d’artistes engagés dans cette démarche. En parallèle, elle travaille actuellement dans le domaine archivistique.