Œuvre présentée à Montréal en 2019-2020: BOW’T TRAIL Rétrospek, Espace Libre, février 2020
Le jury a voulu souligner l’ampleur du projet de cette personnalité forte qui continue de résonner partout dans le monde. Rhodnie Désir crée une véritable connectivité avec différents publics. Artiste aux multiples facettes, communicatrice avisée et activiste, elle recrée des liens qui ont été déconstruits et fait acte de résilience. Performeuse d’une grande puissance, profonde et ancrée, elle creuse en elle-même au-delà de l’évidence, avec persévérance et conviction. À travers ses créations, elle nous rappelle le potentiel politique de la danse. Son engagement est tel qu’il n’existe aucune séparation entre l’artistique et le politique. Elle incarne le corps politique. Elle est d’une intégrité sans compromis.
Chorégraphe, directrice artistique et interprète de la danse
Née d’une mère des Gonaïves et d’un père de Port-au-Prince (Haïti), Rhodnie Désir articule son geste à partir de langages chantés ou parlés spécialement créés pour chacune de ses œuvres, desquelles émane une gestuelle, tel un marqueur de temps unique, affirmant une contemporanéité qui s’inspire principalement des traditions issues d’Haïti ainsi que de l’Afrique centrale et de l’Ouest, et des autres Caraïbes.
Diplômée en communications et en marketing de l’Université de Montréal et de HEC Montréal, en lancement d’entreprise (SAJE Montréal Métro) ainsi que du Programme d’entraînement et de formation artistique et professionnel en danse africaine (Compagnie Danse Nyata Nyata), Rhodnie Désir a suivi des stages professionnels avec des maîtres des langages contemporains ancestraux.
Son œuvre phare intitulée BOW’T (2013), qui l’a fait rayonner sur la scène locale et internationale, notamment au Canada et au Burkina Faso, s’ajoute à un répertoire d’une quinzaine d’œuvres et à de multiples collaborations internationales. Avec BOW’T, Rhodnie est l’unique artiste d’Amérique du Nord à avoir pris part au Festival international de danse de Ouagadougou en 2014 et à participer à titre de panéliste spécialiste au séminaire « Les artistes et la mémoire de l’esclavage : résistance, liberté créatrice et héritages » de l’UNESCO en 2015.
Sa signature afrocontemporaine et chorégraphique-documentaire unique la mène à concevoir le projet pionnier et international BOW’T TRAIL (www.bowttrail.com) dans six pays des Amériques : Martinique, Haïti, Brésil, Canada, Mexique et États-Unis. Ce projet donnant lieu à huit nouvelles oeuvres chorégraphiques, une websérie de cinq épisodes (TOU.TV) et un webdocumentaire de 75 vidéos prochainement diffusées sur ICI ARTV/Radio-Canada, retraçant l’héritage rythmique et de résistance marquant des peuples afrodescendants des Amériques. Cette valorisation novatrice du patrimoine immatériel afrodescendant lui a valu la reconnaissance du projet de « La Route de l’esclave » de l’UNESCO et l’a amenée à être l’unique artiste d’Amérique du Nord invitée dans le cadre de la programmation culturelle francophone des Jeux olympiques de 2016 à Rio de Janeiro, à l’invitation de l’ancienne Secrétaire générale de l’OIF, Michaëlle Jean, et du défunt artiste émérite Manu Dibango.
Mentionnons aussi que Rhodnie Désir est la femme d’affaires derrière l’entreprise d’action culturelle DÊZAM où elle a conçu plus de 2500 actions culturelles entre 2008 et 2018, et de l’organisme artistique RD Créations, fondé en 2017.
Engagée dans l’avancement de son milieu, elle a siégé au conseil d’administration du Festival Quartiers Danses et du Regroupement québécois de la danse dont elle a présidé le comité diversité. Lauréate du Grand Prix Lys de la diversité en 2016 et actuellement présidente du conseil d’administration de Montréal, arts interculturels, elle est fréquemment invitée comme conférencière ainsi que comme juré auprès des Conseils des arts ou instances gouvernementales.