Le jury souhaite mettre de l’avant l’effervescence créatrice de cette chorégraphe qui montre une grande maîtrise de son art, portée par une audace implacable et sans cesse redéfinie dans la forme chorégraphique. L’écriture vertigineuse et passionnante de cette chorégraphe fascinée par la profondeur et la complexité de la psyché humaine témoigne d’une recherche de plus de 15 ans. Cette année, trois de ses œuvres ont été présentées à Montréal. Chacune de ses propositions, unique dans leur traitement, ouvre tantôt sur l’autodérision, tantôt sur la vulnérabilité, tantôt sur la puissance et la pureté du geste. Catherine Gaudet sait mettre à contribution les différents langages et aspects scéniques autant dans le saisissement d’infimes détails que dans l’exploitation du spectaculaire. L’expérience du corps en scène proposée interpelle tous les sens du spectateur. La maturité de son travail suscite l’admiration. Le jury salue et reconnaît cette artiste qui approfondit ses liens à l’autre et à l’art en les magnifiant dans des œuvres généreuses et percutantes.
Chorégraphe et directrice artistique, Compagnie Catherine Gaudet
Depuis 18 ans, Catherine Gaudet sonde la complexité et l’ambiguïté de la psyché humaine, et en inscrit les contradictions dans la chair. Elle dépeint une réalité insaisissable, une présence au monde mue de l’intérieur et mobilisée par des forces externes. Elle a développé un univers fait de croisements d’identités innombrables et fluctuantes. Sa danse est une descente en soi, une interpénétration des couches profondes qui constituent des êtres voués à de constantes mutations.
Catherine Gaudet détient un baccalauréat et une maîtrise du département de danse de l’UQAM. Elle signe sa première chorégraphie en 2004 et se fait remarquer les deux années suivantes avec Grosse fatigue — primée à l’Arhus International Choreography Competition (Danemark) — et L’arnaque. En 2009, elle s’intéresse aux effets du manque dans sa première œuvre intégrale, L’invasion du vide. Dans Je suis un autre (2012), elle gratte le vernis de la façade sociale pour révéler l’ambiguïté d’êtres aux prises avec leurs contradictions, une recherche qu’elle poursuit avec Au sein des plus raides vertus en 2014, s’appuyant cette fois-ci sur la notion de moralité. En 2016, elle cosigne, avec le metteur en scène Jérémie Niel, La très excellente et lamentable tragédie de Roméo et Juliette, pièce qui transpose la légende shakespearienne en un huis clos aussi sensuel que mélancolique. En 2018, elle crée les pièces Tout ce qui va revient, combinant trois solos féminins, ainsi que L’affadissement du merveilleux, œuvre pour cinq danseurs, fondée sur l’insistance hypnotique du cycle. En 2021, elle signe le solo Se dissoudre, qui aborde la perception du temps comme phénomène illusoire, et présente, au FTA 2022, Les jolies choses, sa plus récente création pour cinq danseurs. Parallèlement à ses activités de création, elle est membre fondatrice de la compagnie Lorganisme de 2010 à 2019 ; co-idéatrice du Centre de création O Vertigo, aux côtés de Ginette Laurin, Mélanie Demers et Caroline Laurin-Beaucage ; et professeure invitée au département de danse de l’UQAM en 2018-2019 où elle sera chargée de cours de 2019 à 2021. Catherine Gaudet est aujourd’hui directrice artistique et générale de la Compagnie Catherine Gaudet, membre de Circuit-Est centre chorégraphique, créatrice associée chez DLD – Daniel Léveillé Danse et artiste associée à l’Agora de la danse.